Lors de sa visite en France en août
2008, le Dalaï Lama s’est adressé à plusieurs reprises, de manière ciblée et
précise, aux femmes venues l’écouter, et indirectement aux hommes qui les
accompagnaient. Jamais auparavant, depuis 1959, date du début de son exil en
Inde, Tenzin Gyatso ne s’était adressé si directement aux femmes. Il leur a
délivré ce message, qu’il juge capital : « L’âge à venir sera celui de la femme !
Le monde a besoin pour survivre des valeurs qu’elle incarne. »
Ce type de déclaration en forme de
slogan peut surprendre, de la part d’un chef religieux essentiellement
entouré d’hommes. Mais ce serait ignorer la dimension humaine et singulière de
ce moine profondément libre intérieurement, totalement engagé pour la paix dans
le monde et déterminé à tout faire pour qu’elle progresse. C’est ce qu’il fait
en parlant ainsi aux femmes.
Il suffit pour s’en convaincre de l’écouter encore
: « La violence est démodée. Laissons les
valeurs féminines s’épanouir dans nos sociétés afin de changer les mentalités.
Les dirigeants politiques doivent donner des rôles plus importants aux femmes.
C’est essentiel pour construire une paix durable et le futur de l’humanité. »
Loin d’être un doux rêveur comme
certains préféreraient le croire, ne faisant appel ni aux clichés ni à la
facilité malgré les apparences, le Prix Nobel de la Paix affirme ici avec force
son point de vue : que les femmes sont selon lui les garantes de la pérennité
de l’humanité et qu’il est urgent de propager les valeurs qu’elles incarnent
naturellement : la compassion, la générosité, la tendresse. Avant qu’il ne soit
trop tard et que la violence et les guerres de tous ordres, y compris
économiques et environnementales, ne conduisent à des catastrophes irréversibles.
Ce constat, Tenzin Gyatso le pose après
avoir inlassablement sillonné le globe pendant plus de vingt ans pour
participer à établir la paix au plan international avec les grands de ce monde,
politiques, religieux, économistes, philosophes. Mais sera-t-il, un jour, écouté, lui
qui, selon le classement annuel publié par le magazine Time début mai 2008, se
situe dans le « top ten » des personnalités internationales les plus influentes
? Pour qu’il le soit, il faudrait qu’un vrai dialogue et une réelle parité
entre les hommes et les femmes soient établis, et que nos vieilles mentalités
et habitudes changent en profondeur.
« Tout est déjà écrit dans le grand
livre des humains, disent les indiens Apaches, mais nous sommes libres d’écrire
les détails de cet ouvrage avec courage
et en respectant nos frères les humains, les plantes et les animaux de
la nature ».
C’est de la France, terre d’accueil
privilégiée du bouddhisme dans le monde depuis les années soixante, que le
Dalaï lama a choisi de délivrer son message aux femmes en ce mois d’août 2008.
J’étais là. Femme bouddhiste française, j’ai entendu les propos du chef
religieux et spirituel des Tibétains et je me suis sentie particulièrement
concernée. Peut-être, dans quelques décennies, en nous retournant sur le passé,
qualifierons-nous ce jour d’historique. Car si cette exhortation de « Kundun »,
« La Présence », prenait effet, notre futur serait différent. Il ne tient qu’à
nous de relever ce défi pour transformer le monde, modestement, chacun à notre échelle. Un défi et une responsabilité.
Extrait de sages paroles du Dalai Lama aux femmes du monde
Belle route
Soyez heureux et généreux
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