Nous avons de plus en plus besoin
d’exemples à suivre, ce dont témoigne le boom des biographies en librairie et
la fascination qu’exerce sur un nombre grandissant de personnes, les modèles de
bienveillance que sont le Dalaï Lama, Amma, L’Abbé Pierre, ou encore Mère
Teresa. Leur sérénité inspire. Leur équanimité donne envie de leur ressembler. Leur
altruisme enthousiasme. La cohérence de leur être et de leurs actes séduit.
Dans nos sociétés en perte de valeurs et de repères, ils redonnent espoir en
l’être humain. Jean Vanier, fondateur de L’Arche en 1964, fait parti de
ces personnes d’exception. Sa bonté se découvre dès le 1er regard. Agé
de 83 ans, il a fondé des dizaines de
communauté dans le monde
pour y accueillir des handicapés mentaux. Le grand public le connait
mal. Sa discrétion et son humilité, l’éloignent des médias. Il consacre son
énergie à ceux qu’il accompagne, ses frères et ses sœurs, vulnérables et
fragiles, laissés sur le bord du chemin par des sociétés dominées, dit-il, par
la tyrannie de la
normalité. Dans Les signes des temps (Albin Michel) il
montre que les personnes handicapées ont beaucoup à nous transmettre ; et nous
invite à devenir plus joyeux en apprenant à aimer sans discrimination et sans
retenue. Car, c’est pour lui, le secret du bonheur et d’une vie réussie.
Pour ceux qui ne vous connaissent
pas, qui êtes-vous Jean Vanier? Etes-vous prêtre ?
Je
suis née en Suisse d’un père militaire-diplomate. J’ai passé mon enfance et mon
adolescence entre l’Angleterre et le Canada. Tout me destinait à faire une grande
carrière dans la
Marine Royale Britannique. Engagé dans l’école de la marine, à 13 ans, avec l’assentiment de mes parents qui
voulaient me montrer, ainsi, qu’ils me faisaient confiance, j’ai appris très
tôt, à devenir adulte. Mais vers 20 ans, j’ai compris que je ne pouvais pas rester
militaire. Je venais d’être confronté à la guerre, et à son cortège de
souffrance et de morts, et à l’horreur d’Hiroshima. Me sentant appelé par
Jésus, qui donnait un sens à ma vie, j’ai donc démissionné de l’armé. Au début,
je souhaitais aller travailler dans une communauté noire à Harlem mais cela ne
s’est pas fait, et je suis venu en France pour étudier la philosophie et la
théologie à l'Institut Catholique de
Paris où j’ai rencontré le Père Thomas Philippe ,
professeur et prêtre dominicain. Il est devenu mon père spirituel et ami. Auprès de lui, j’ai découvert ce qu’était le
quotidien des personnes handicapées mentales. Elles étaient alors terriblement
opprimées et maltraitées dans les hôpitaux psychiatriques, dans les asiles.
Cela m’a profondément bouleversé. J’ai décidé de leur consacrer ma vie en
essayant de demeurer au plus près de l’enseignement de Jésus. Sans être prêtre.
J’ai fondé l’Arche en 1964, au «Val Fleuri» à Trosly-Breuil.
Qui est Jésus pour vous ? Et, peut-on comprendre
votre message, votre engagement en Jésus, si on n’est pas, soi-même,
chrétien ?
Je
suis un laïque profondément marqué par les Evangiles. Jésus est compassion et
pardon. Il a une vie humble, et pauvre.
Il est proche des opprimés et des démunis. Au-delà de toute appartenance
religieuse, son exemple touche beaucoup de gens, et me fait me sentir concerné
par la souffrance des plus vulnérables. Il me montre que l’amour est le lien
entre tous les êtres. Ce qui m’incite à ouvrir mon cœur, me pousse à aimer, et à
comprendre que c’est à moi d’agir si je veux qu’il y ait moins de souffrances
et que le monde devienne plus humain.
Vous fondez l’Arche en 1964, qu’est-ce
qui vous motive alors ?
Ce que
vivaient les personnes handicapées à l’époque m’insupportait. Elles étaient
traitées de manière inhumaine. A l’Arche nous sommes tous des compagnons. Nous
nous battons ensemble pour qu’elles ne vivent plus en étant humiliées. La
plupart d’entre elles, sont des êtres simples intellectuellement. Mais, très
souvent, leur richesse intérieure est exceptionnelle. Elles ont une capacité à
établir des relations tendres et profondes avec les autres qui est rare et qui
participe à guérir les blessures de ceux qui les côtoient. En étant authentiques
et simples, elles nous apprennent à changer le regard que nous posons sur autrui
et sur le monde. Tout cela nous aide à transformer nos cœurs de pierre en cœur de chair,
à sortir de la tyrannie de la normalité promue par nos sociétés de consommation,
et à nous ouvrir à nouveau comme des enfants. A l’Arche nous avançons ensemble
sur un chemin de vie, de communion, sans distinction de nationalités ou de
religions. L’essentiel est d’aimer, de rire, de partager de la tendresse, sans
chercher à posséder l’autre. L’amour révèle à l’autre qu’il est bien plus beau
qu’il n’ose le croire. L’amour lui dit qu’on l’accepte tel qu’il est, avec les
souffrances, les violences, les brisures qui émaillent son histoire. Nous sommes tous semblables
fondamentalement car unis par les mêmes choses : la souffrance, la peur de
la mort, les difficultés relationnelles, le désir de trouver sa place. C’est cela qu’il
importe de garder à l’esprit pour permettre à l’autre d’être lui-même et d’être
heureux ; et faire en sorte que nous puissions célébrer ensemble notre
humanité.
Ce n’est pas un monde idéal non
plus, il y a sans doute des moments difficiles ?
D’où
l’importance de vivre en communauté et de partager une même vision, un même but.
Nous pouvons nous soutenir, nous accompagner, dans les moments difficiles. Les
professionnels qui travaillent à l’Arche nous y aident également. Nous sommes
des êtres humains, nous avons une capacité de transcendance, mais ce n’est pas
toujours facile. On est parfois agacés, impatients. Certaines personnes
arrivent avec des passés lourds, violents. Nous ne savons pas toujours comment
les soutenir. Mais quoiqu’il en soit nous leur montrons que nous les acceptons
telles qu’elles sont, sans les juger ; que nous ne sommes pas mieux
qu’elles. Tout se joue dans la manière dont nous les rencontrons, dont nous
communions avec elles. La confiance se construit à partir de là. Cela prend du
temps mais on peut beaucoup, à plusieurs.
Quelle est votre définition du
bonheur Jean Vanier ?
Accepter
la réalité et aimer sans discrimination. Le message fondamental de Jésus est « aimer vous les uns les autres comme
je vous ai aimé ». Ce chemin nous apprend à être soi-même et à
accepter l’autre sans condition.
JOYEUX NOEL A TOUS
OUBLIONS LES DIFFERENTS
RETROUVONS NOTRE CONFIANCE D'ENFANT
SOYONS PLUS QUE JAMAIS SOLIDAIRES
NON PAR CONVICTION RELIGIEUSE
MAIS PAR ENVIE DE DEPLOYER LA BEAUTE DE NOTRE HUMANITE
Retrouvez l'intégralité de cet entretien sur lepoint.fr
J'aimerais savoir l'origine de la photo de M. Vanier. Je suis en train de mettre sur pied le bulletin du groupe pour la Méditation chrétienne du Canada, il y a un article sur M. Vanier mais j'ai besoin d'une photo. Pourriez-vous m'écrire à katemcdo@gmail.com svp. Merci, et bonne année!
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